Résumé
L'enquête Connaissance, Attitude et Pratique sur les IST et le VIH/sida (ECAP 2011) a été réalisée dans les régions des Lagunes, des Montagnes, des Savanes et du Sud Comoé. C'est une enquête par sondage auprès des ménages, représentative dans chacune des régions (aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain). Elle a été conduite par l'Institut National de la Statistique (INS) et financée par la Banque Mondiale à travers le Projet d'Urgence Multisectoriel de Lutte contre le Sida (PUMLS).
L'ECAP 2011 fournit des informations socio-comportementales sur les populations âgées de 10 à 49 ans concernant les IST et le VIH/sida portant sur les caractéristiques socio-démographiques, leur niveau de connaissance des IST et du VIH/sida, leurs opinions et attitudes vis-à-vis des IST et du VIH/sida, leurs comportements, ainsi que leur niveau d'exposition aux interventions dans le domaine des IST et du VIH/sida.
L'ECAP 2011 a permis d'interroger 3339 personnes âgées de 10 à 49 ans dont 1574 hommes et 1765 femmes. Le nombre total de ménages interrogés avec succès s'élève à 1499 sur les 1500 prévus initialement.
Caractéristiques des ménages et des enquêtés
Les caractéristiques des ménages font ressortir que la taille moyenne des ménages est de 4 personnes et que les populations vivent majoritairement dans les ménages élargis (de plus de 6 personnes) et que ces ménages sont dirigés principalement par les hommes alors que les femmes représentent plus de la moitié de cette population.
Pour leurs conditions de vie, 64% des ménages urbains disposent d'un WC contre 18,5% en milieu rural. La principale source d'approvisionnement en eau reste l'eau courante pour les ménages urbains et les puits pour les ménages ruraux. 78,9% des ménages ont accès à l'électricité et 78% d'entre eux possèdent un téléphone mobile, 67% une radio et 65% une télévision.
Concernant les caractéristiques des enquêtés près de 74% des hommes et 57% des femmes savent lire et/ou écrire. De plus, 36% des femmes n'ont reçu aucune instruction contre 20% des hommes. Il faut signaler que 44% des enquêtés vivent en union dont 48% chez les femmes et 40% chez les hommes.
En outre, 14% des personnes interrogées sont sans emploi et que 17% ont été ou sont des déplacées internes liées aux différentes crises qu'à traversée la Côte d'Ivoire. Enfin, 3,4% des enquêtés sont encore des personnes déplacées internes dont 3,8% chez les femmes et 2,9% chez les hommes.
Accès aux média
L'analyse de l'intérêt porté aux sources d'informations indique que plus de 81% des personnes préfèrent la télévision au détriment de la radio et de la presse écrite. Et dans le même ordre d'idées les deux chaines de télévision les plus regardées sont la première chaine (58,5% qui la regardent prioritairement) et canal horizon (pour 39,8% d'entre eux). Les types d'émissions les plus vues sont les films (65,7%) et le journal (57%) mais ces tendances varient en fonction de l'âge des personnes. La télévision est généralement regardée entre 19 heures et 21 heures (selon 67,9% des personnes).
Bien que faiblement préférée (16,9% des individus la préfèrent comme source d'informations), la radio reste aussi un important outil de communication surtout les radios de proximité (qui sont écoutées par plus de 58% des enquêtés). Les types d'émission les plus écoutées sont le journal (56,5%) et les variétés musicales (49,1%) et cela se fait très tôt le matin entre 6 heures et 8 heures.
Pour la presse écrite, se sont surtout les articles sur la politique, le sport, la culture, les faits de société et les faits divers qui sont les plus lus.
Connaissance des IST et du VIH/sida
Une connaissance assez bonne d'une maladie peut influer sur les attitudes et comportements vis-à-vis de celle-ci.
L'enquête a mis en évidence qu'à peine plus de la moitié de la population connaît les IST mais par contre pour ceux qui les connaissent, 8 d'entre eux sur 10 ont pu citer au mois une de ces infections. Les plus couramment citées sont la gonococcie et la syphilis.
Pour le sida, dans l'ensemble, les enquêtés ont déjà entendu parler du sida et cela grâce aux medias et à l'école. Cependant, ils en parlent moins avec leurs proches et ceux qui le font c'est essentiellement avec les amis/collègues de travail.
Les rapports sexuels non protégés et les transfusions sanguines ont été identifiés comme les principaux modes de transmission du sida et que les moyens les plus sûrs pour éviter de se contaminer sont les rapports sexuels protégés, et à un degré moindre, l'abstinence et la fidélité.
Si la connaissance du sida est généralisée, il persiste quand même au sein d'une bonne partie de la population des idées erronées.
Ainsi une personne sur cinq ignore qu'une personne qui a l'air en bonne santé peut être malade du sida, qu'un tiers ignore qu'une personne sous traitement peut transmettre le virus.
Près du quart de la population ignore qu'on peut partager le repas avec un séropositif sans contracter le virus.
Par ailleurs, plus du tiers de la population ignore qu'une mère séropositive peut donner naissance à un enfant ou ignore qu'une mère séropositive peut transmettre le virus à son enfant pendant l'allaitement.
Enfin, pour 36% des enquêtés, les piqures de moustique peuvent transmettre le virus du sida et pour 26% d'entre eux le sida peut se transmettre par la sorcellerie et autres pratiques surnaturelles.
Attitudes et opinions sur le VIH/sida
Si la quasi-totalité de la population (plus de 97%) pensent que le sida existe en Côte d'Ivoire c'est surtout grâce aux campagnes de sensibilisation. De plus, pour eux le sida est plus en ville (pour 55,3% d'entre eux) qu'au village et qu'il touche légèrement plus les hommes (pour 51,7% d'entre eux) que les femmes.
Pour la population, les personnes à risque sont les professionnels du sexe (à 51,4%), les corps habillés (21,3%), les routiers (19,5%) et les enseignants (12,7%).
Par ailleurs, pour 33% de la population, une personne atteinte du sida ne peut enseigner leurs enfants. De plus, 39,1% pensent que les malades du sida sont difficilement acceptés dans la société et que plus d'un tiers de la population pense que cette maladie est honteuse. Et pour plus de la moitié des individus (52% environ), le fait d'avoir un malade du sida dans la famille doit rester secret.
Comportements face aux IST et VIH/sida
On note que 79% des personnes ont déjà eu des rapports sexuels dont près de 23% chez les jeunes de moins de 18 ans. Dans cette population, près de 45% des femmes ont eu leurs premiers rapports sexuels avant 18 ans alors ce taux est de 31% pour les hommes et surtout de 40% chez les jeunes de moins de 18 ans. De plus, les rapports sont contractés majoritairement avec le conjoint/petit ami mais 5,1% ont eu ces rapports avec des partenaires sexuels occasionnels et parmi eux, 11% en ont eu au moins deux au cours des 12 derniers mois. En outre, 4% des enquêtés ont eu des rapports sexuels payants.
Il faut par ailleurs indiquer que 60% de ceux qui ont eu des rapports ont utilisé systématiquement le préservatif et ce taux est de 50,8% chez ceux qui ont eu des partenaires sexuels occasionnels.
Enfin, 38% ont déjà fait un test de dépistage du sida dont 22% au cours des 6 derniers mois précédents l'enquête et presqu'eux tous ont pris le résultat du test.
Les jeunes, les IST et le VIH/sida
Pour les jeunes, les principales sources d'informations sur les IST et le VIH/sida sont l'école (37%) et les medias (34,7%). Et 22,3% d'entre eux ont déjà eu des rapports sexuels dont 41,5% avant l'âge de 15 ans.
Près du tiers (34,9%) des jeunes de 18 à 24 ans n'ont pas utilisé un préservatif au cours de leur dernier rapport sexuel. Par contre, pour ceux qui l'ont, 67% des jeunes hommes et 42,4% des jeunes filles ont décidé d'eux-mêmes de le faire.
Il convient aussi de signaler que plus de 40% des jeunes de 10 à 24 ans ont refusé d'utiliser le préservatif au cours de leur dernier rapport sexuel.